Un vieux carnet perdu il y a 20 ans...
Ce soir, en triant des vieilles affaires, j'ai retrouvé un carnet oublié dont les annotations datent, je crois, du milieu des années 1990. Elles sont fortement inspirées de mes lectures de l'époque. L'influence de Boris Vian est particulièrement indéniable.
Avant de jeter le carnet à tout jamais, j'ai cru bon en retranscrire ici le contenu. Il est possible que ses textes m'amusent encore d'ici 20 ans.
Avant de jeter le carnet à tout jamais, j'ai cru bon en retranscrire ici le contenu. Il est possible que ses textes m'amusent encore d'ici 20 ans.
1. Un petit passage à la Boris Vian
« Il avait l'habitude de mettre un nuage de lait dans son café quand le temps était gris. Le cumulus lactique qui en résultait lui rappelait sa mère qui était bergère.
La dénomination de château s'appliquait très mal à sa demeure qui n'était en fait qu'un studio sphérique. Cette forme particulière était néanmoins adaptée au château d'eau qu'il habitait et dans lequel, il faut bien l'avouer, les inondations se faisaient de plus en plus fréquentes. D'une certaine façon, ceci facilitait l'écoulement des eaux entre les créneaux.
On accédait à sa bulle par un escalier en escargot qui grimpait sur son flan comme un ver sur un fruit trop mur. On y montait lentement, comme dans tous les cas de reptation ascensionnelle.
L'unique pièce n'avait pour fenêtre que deux meurtrières convexes disposées de part et d'autre de la boule-studio. L'obscurité régnait. Il avait donc disposé un aquarium au plafond, un lustre rempli d'eau dans lequel un poisson phosphorescent nageait en cercles concentriques. Pour éteindre la lumière, il suffisait de retirer le poisson. Et pour un effet plus tamisé, il suffisait d'opter pour un bocal grillagé. C'était pratique, sauf évidemment pour l'animal.
L'été, il s'occupait de son chat. En hiver, il repeignait sa pelouse. À l'automne, il amenait les feuilles mortes à la morgue. Et au printemps, à la guerre, il s'était fait blesser au front et à l'abdomen. Comparativement à son âge, pourtant, il n'avait pas l'air si vieux.
Il avait adopté une mouche domestique qui lui rendait quelques menus services: elle finissait ses restes, nettoyait ses miettes, dépoussiérait sa brosse à dents, pondait des œufs dans sa salière et classait ses timbres en ordre alphabétique, ou vice-versa.
Et comme lui aussi valorisait l'organisation, il avait pris l'habitude de vérifier l'annuaire. Il téléphonait aux numéros indiqués pour s'assurer qu'ils correspondaient bien aux noms et aux adresses. Il en profitait pour faire de nouvelles connaissances, comme cette fameuse inconnue qui lui répétait sans cesse, dans des secondes d'éternité: "Si tu pars avec moi, je t’emmènerai quand même pour pouvoir te suivre là où je vais. Mais si j'étais toi, j'irai chez moi". Parfois, il lui prenait de répondre en morse ».
2. Petits miracles anodins
Les petits miracles anodins sont ces perles qui courent en flottant au fil des jours, mais qu'on laisse malheureusement le plus souvent passer, sans les ramasser.
- Laissons libre recours à notre imagination
- Vaguons dans cette usine désinfectée.
- L'estomac de la poule est comestible. IL a un rôle important dans la digestion, surtout celle de la poule.
- Elle avait donné naissance à de nombreux jumeaux, par paires de quatre.
- Je ne voulais pas le faire exprès.
- Dés l'aurore, cet alcoolique aimait à boire quelques gouttes de rosé.
- Sur le papier, je n'écris qu'en ratures. C'est pourquoi je préfère les traitements de texte.
- Il avait un sourire si éclatant que ses dents éclatèrent dans un éclat de rire. Elles s'éparpillèrent dans sa mâchoire hilare en milles morceaux d'ivoire.
- C'est une perte de temps inutile que de vouloir rattraper le temps perdu.
- J'ai soit les ongles trop longs, soit les doigts trop courts, et inversiproquement.
- Je suis allé chez le coiffeur et j'ai grossi de la tête.
- Tu ressembles à d'habitude; t'es coiffé comme lui.
- Les chauves se coiffent avec une éponge.
- La vivisection confirme la règle.
- J´ai mis tellement d'eau à bouillir qu'elle a collé au fond de la casserole.
- Et voilà! On parle de toi, et tout de suite, tu te sens visé.
- Oui, ou plus exactement, non.
- Il a neigé sur la pluie.
- Champignon d'avril, ne te découvre pas d'un fil.
- Dîtes-moi où vous alleriez, que je sache où vous soyez.
- Vous avez le droit à une entrée et deux desserts à volonté.
- Ne te retourne pas. Il s'est laissé pousser les dents.
3. L'incroyable histoire de l'ami Golio
D'abord, on l´a oublié dans un four. Il a collé au fond.
Il a pris feu. On l'a éteint à la pelle. Curieusement, il lui manquait au moins cinq minutes de cuisson.
Ensuite, on l'a moulé à la louche, mais démoulé trop chaud. On lui disait: si ce n'est pas un trou, ça partira au lavage. On a quand même essayé de boucher les trous à la pâte, et après un décapage au blanc d’œuf, on l'a farci au couscous et fini au coca.
Puis on dû le séché sur de la tôle ondulé, pendant 8 jours, sous une benne. Comme du béton bloquait ses narines, on l'a réveillé à la truelle, de justesse, sans ravalement, mais non sans au préalable lui avoir lavé la gueule au jet de sable.
Plus tard, on le retrouva au fond du zoo. On l'avait bercé trop près du mur. Sur le trajet du retour, il s'est pris en plus une palette de nouilles.
On décida alors de le livrer en kit, mais il manquait une pièce de rechange. Et comme l'article était en rupture de stock, on le remonta à l'envers. On n'a jamais pas pu le réparer.
Y a-t-il quelqu'un
pour compléter l'histoire?
pour compléter l'histoire?
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