Puis il a plu
D'abord un peu
Puis un peu plus
Puis davantage
Et plus encore
Et encore plu
Jusqu'au matin
Du jour suivant
Jusqu'à ce que
L’eau qui s’écoule
Du puits sans fond
Ne se déverse
Que sous des ponts
À sens unique
Et que le bruit
Qui s’en échappe
Ne parvienne plus
Qu’au goutte-à-goutte
Tombant en grappes
Articulées
Alors ensuite
Sous la pluie drue
Dans cet orage
Une énième goutte
Une goutte de trop
En ennemi
S’est abattue
Un mort au corps
Encore liquide
En excédent
Sur le pavé
De l’avenue
Et ce fut trop
Oui ce fut trop
Pour la cité
Dans ce déluge
D'impunité
Pour son absence
Pour son absence
D'infrastructure
Son trop-versé
Sa démesure
Alors voilà
São Paulo
Un jour de pluie
Qui dégouline
Sans trop chercher
Et à travers
La vitre obscure
De l’omnibus
Si dégueulasse
Dans une supplique
Au ton coupable
Elle nous dévoile
Ses pieds carrés
Aux chevilles sales
Aux chevilles sales
Aux contours tristes
Et ses conduits
À ciel ouvert
Charrient encore
Les résidus
Des sous-produits
CapitalistesEt revomissent
Jusqu'où ils peuvent
Ces immondices
En s'asphyxiant
Elle nous suffoque
Nous recroqueville
Sous l’essuie-glace
Dans le supplice
Interminable
De l’air déjà
Irrespirable
Alors voilà
São Paulo
Un jour de pluie
Qui contamine
Sans trop chercher
Et par-dessus
C'est le vacarme
Assourdissant
D'hélicoptères
De la police
Des avions de ligne
Qui tournent en rond
Guettant leurs proies
Sachant leur piste
Impraticable
Et par-dessous
Les roues plombées
Des véhicules
Des trous béants
Dans le bitume
Qui ne reluisent
Que par sursaut
Dans la pénombre
Des réverbères
Quand au feu vert
Soudain vrombissent
Les moteurs chauds
Des motoboys
Derrière les gaz
Sur les affiches
Publicitaires
Des top models
Alternatives
Gémissent encore
Une propagande
Pornographique
Dix millions d’âmes
Dans ses tranchées
Cinq autres encore
Dans ses banlieues
Trouble hormonal
À l’horizon
La métropole
Jaillit de terre
En édifices
Au ciment frais
En sacrifices
Aux monuments
Tout délabrés
Aux fontaines sèches
De son passé
Des corps pressés
Éparpillés
Qui la découvrent
En recouvrant
Sa nudité
S’engouffrent en lutte
Sur sa chaussée
Et par-dessus
Leurs pardessus
C'est par milliers
Que ces cafards
Brandissent encore
Leurs carapaces
De parapluies
Se précipitent
Vers des usines
Et s’agglutinent
Dans des bureaux
Dans des cabines
Et au feu rouge
Un marginal
Des bidonvilles
Au regard vide
Aux cheveux sales
Faisant la manche
Abandonné
Dans un record
D'embouteillage
Alors voilà
São Paulo
Un jour de pluie
Qui s’achemine
Sans trop chercher
Un responsable
Teddy. 03.07.06.
Un air de slam pour ces mots, dramatiquement beaux
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