À lire de façon saccadée...
Mais c'est comme ça
Faut voyager
Quitter chez soi
Croquer l'été
Alors on part
En profiter
Entre péages
Et vacanciers
Deux heures et demi
Aire d’autoroute
Prendre la sortie
Casser la croûte
Sur un banc dur
Assis en biais
Tomate œuf dur
Bagnat poulet
Déglutition
Un bout de fromage
Deux trois camions
En paysage
Prochain supplice
Faire de l'essence
Station-service
En contre-sens
En plein mois d'août
Pompes à l'arrêt
Queues sur les pistes
Et aux guichets
Carte de crédit
Prix du sans plomb
Aucune surprise
Pris pour un con
Toujours infâmes
Sanitaire hommes
Sanitaire femmes
Dix minimum
À la boutique
Attrape-touriste
Un dernier tour
A l'improviste
Puis on démarre
Avec le plein
Et dans un sac
L'aimant du coin
130 à l'heure
Et des brouettes
On arrivera
Plus tôt peut-être
Mais la radio
Nous avertit
Circulation
Au ralenti
Sur la chaussée
Dans un virage
Un corps blessé
Accident grave
Deux voies bloquées
Par la police
Itinéraire
Alternatif
Embouteillage
Réglementaire
Kilométrage
Supplémentaire
Deux heures de plus
Mais on est proche
À la Pyrrhus
La nuit approche
Pour arriver
Quelle différence
Puisque c'est là
Que tout commence
Dans des parkings
Déjà bondés
Les véhicules
Viennent s’entasser
Places minuscules
Portières rayés
On se bouscule
Pour se garer
__________
Deuxième volet
J’aime pas les foules
Même si je sais
Ça fait pas cool
Mais la cohue
Du macadam
Se perpétue
A mon grand dam
Dans les coins d'ombre
Ou au soleil
Les gens se pressent
Partout pareil
Glace italienne
Planter sa tente
En file indienne
Une heure d'attente
A la terrasse
Du Café Monde
Un expresso
Mettra des plombes
Même les lève-tôt
Du bord de mer
Maintiennent à flot
L'instinct grégaire
Bien davantage
Les estivants
Qui sur la plage
Se couchent en rangs
Le corps rougi
Par la chaleur
Sur des tapis
S'étendent en sueur
Bordés d'allées
De parasols
Comme pour voiler
La nécropole
Déchets plastiques
Mégots jetés
Usage unique
Foulés du pied
Abandonnés
Jonchent le sable
Comme tant d’étés
Indésirables
_________
Que ce soit clair
Qu'on se le dise
J’aime pas la mer
Je dramatise
En préambule
Son dos se bombe
La vague ondule
Ou bien retombe
Un nid d'écume
Dans cet enclos
Prend du volume
Au gré des flots
Au pied d'une crête
Souvenir d'antan
Une mousse inquiète
Surfe un instant
Puis se détache
Et s’éparpille
En mornes taches
De peccadille
Sur le rivage
Au ralenti
Maigre héritage
Qui s’évanouit
Qu'un vent marin
Vient balayer
Sur son chagrin
Au goût salé
______
Dernier chapitre
De ce poème
Plus intimiste
J'y vais quand même
J’aime pas les tubes
De crème solaire
La solitude
Qui s’accélère
Quand elle étale
Sur sa peau lisse
Derrière son cou
Ou sur ses cuisses
Quand elle caresse
Son corps bronzé
Robe de tigresse
Apprivoisée
Ses doigts effleurent
Son bikini
Motif à fleurs
Californie
L'opération
Menée à bien
Sans prendre une pause
Le temps d'un rien
Ses lunettes noires
Passent en revue
Le paysage
En m'as-tu-vu
Puis époussette
Du dos de la main
Son coin serviette
Au féminin
Sa queue de cheval
Plis du corsage
Qu'elle réajuste
D’un geste sage
Pour s'allonger
En léopard
Et replonger
Dans son polar
Alors j’entends
Des rires aux loin
Des désirs sourds
Qui sont les miens
Et puis l’usure
Interminable
De la marée
Contre le sable
Enfin cette peine
Indescriptible
Dans mon regard
Répréhensible
J’aime pas la plage
On le devine
J’aime pas ces vers
J’aime Caroline
Teddy - Août 2023
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